LES PIERRES DE L’ÎLE DE PÂQUES GRAVÉES D’ÉCRITURES

© Lorena Bettocchi

 

Sauvegarde DIBAM  Direccion de Bibliotecas Archivos y Museos  Santiago de Chile

Tesis - estudios

 

Chapitre VI : Épigraphie sur la pierre de la Collection du Dr Campbell,

Propriété actuelle Kon Tiki Museum, Oslo. Ref. Inventaire 4332

 

 

Introduction : Avant de tirer de conclusions sur la pierre Reed, fidèle à la méthode de travail enseignée par mes conseillers linguistes et archéologues, je fis une étude globale de toutes les pierres. Ma surprise fut énorme : je me rendis compte que la   pierre Campbell, fut  sculptée à l’aide de ce même document, la figure 21 du livre Die Osterinsel de Schulze-Mazier édité en 1932. Était-ce également une falsification contrairement à ce que voulurent faire croire les intervenants du congrès de la Serena en 1982 ?

 

Je pris contact avec la fille du Dr Campbell : celle-ci fut surprise d’apprendre que la pierre n’était pas perdue et heureuse de savoir qu’elle fut vendue à un musée. Je l’informai qu’il s’agissait d’un objet artisanal sculpté postérieurement à 1932.

 

L’archéologue chilienne Nuriluz Hermosilla vint me voir expressément et l’entrevue fut fort agréable. Elle emporta avec plaisir les résultats écrits de mes recherches. « Nous étions si jeunes » dit-elle, comme pour s’excuser ».  Son honnêteté intellectuelle me ravit et nous sommes à présent très proches l’une de l’autre.

 

Seul l’archéologue JM Ramirez qui colportait l’histoire de la perte de ladite pierre, qui connaît bien des domaines sur Rapanui sauf un : le rongorongo, ne daigna pas me répondre. Cet homme n’aime pas être remis en question. Pourtant la modestie est l’outil indispensable pour avancer dans la connaissance de l’ancienne écriture de l’Île de Pâques. 

 

Méthodologie : responsabilité de  Lorena Bettocchi

Pré-requis : étude  en épigraphie de la pierre Reed ref. 1035 du Museo Fonck de Viña del Mar (Chapitres  II, III, IV  de ce même dossier)

 

 

Outils :

Copie de la fig. 21 du livre de Schulze-Mazier[1], reçue le 28 octobre 2006 de la Bibliothèque Mulloy du Museo S. Englert de Hanga Roa. Merci à la documentaliste pour sa collaboration.

Catalogue des signes de Thomas Barthel revu et corrigé par le CEIPP

sur http://www.rongorongo.org/signs/001099.html (Remarquable travail en épigraphie de la commission rongorongo du CEIPP et de Jacques Guy,  source d’informations  utile à la recherche).

Photos et relevés de la  PIERRE CAMPBELL,  courtoisie Museo Fonck de Viña del Mar, fonds documentaire Campbell que j’ai eu l’honneur de classer.

Relevé des signes recto et des figures verso de la  PIERRE  REED, Courtoisie Museo Fonck de Viña del  Mar. Photos de la pierre REED, Courtoisie du Museo Fonck de Viña del Mar.

 

Voici  une nouvelle approche à ma façon : j’essaierai d’être aussi rigoureuse que Thomas Barthel si faire se peut : il  fut, à son époque (1954-11958) et avec les moyens de son temps,  notre meilleur guide sur l’épigraphie du rongorongo.

 

Doc. 1  Pierre Reed

Museo Fonck de Viña del Mar, ref.  1035

Doc. 2  Pierre Campbell, Kon Tiki Museum d’Oslo,  ref. 4332

 

campbell_epigr1.jpg

campbell_epigr2.jpg

 

 

L’ORIGINE :

 

 La pierre fut offerte à l’Amiral Jorge Videla Cobo qui voyagea à Rapanui  dès le début de sa carrière, durant les années 35. C’est à cette époque que Lavachery avait surpris la fabrication de ces objets dans la maison de Daniel Chavez (fin 1935, voir chapitre I).

 

LES SIGNES :

 

De prime abord, un style inédit, s’inspirant du rongorongo classique qui aurait pu laisser croire à une origine ancienne ou à quelque originalité dérivée de l’ancienne écriture, qui elle, comportait des normes iconographiques, physiques et esthétiques, explorées par Thomas Barthel vingt ans plus tard. En 1954, celui-ci s’était exprimé sur la pierre de la collection REED.

J’ai découvert fin 2006, environ soixante dix ans après leur gravure, que les signes de la pierre CAMPBELL, comme ceux la pierre REED, s’inspiraient de l’ouvrage de Schulze-Mazier, Die-Osterinsel, fig. 21. Principalement une ligne[2] de la tablette représentée fig. 21 a servi de référence. Mais les signes de la pierre CAMPBELL sont encore plus  déformés  que ceux de la pierre REED. Selon Francisco Mellen Blanco cela est dû à la dureté du basalte, gravé avec un outil en fer  (e.mail du 3 février 2007).

Cette déformation ne vient donc pas des origines, des sources du rongorongo antique. Ce n’est pas envisageable. Cette déformation vient d’une époque où les signes du rongorongo étaient oubliés, sauf pour les lépreux qui recommencèrent des ateliers initiatiques avec les traces des relevés des photos de Katherine Routledge et avec la venue du répertoire de Monseigneur Jaussen apporté par l’expédition franco-belge de Metraux et de Lavachery.

Les pierres ne furent pas gravées à la léproserie. Les lépreux ne faisaient pas de troc. Ils avaient cependant une considérable avance dans la compréhension de la structure du rongorongo ancien.[3]  Par contre je pense qu’ils gravèrent sur os de baleine (dossier annexé au Chaptre III, mes recherches sur le sujet ne sont pas terminées).

Ce sont des artisans  possesseurs  d’outils pointus métalliques qui ont gravé ces pierres de basalte.

 

L’AUTHENTICITÉ :

 

Comme Thomas Barthel[4] avait conclu que la pierre du Dr Reed était l’œuvre d’un faussaire, la pierre du Dr Campbell  pourrait également être qualifiée de faux rongorongo, ceci en épigraphie, bien que Thor Heyerdahl l’ait considérée comme pièce pouvant être authentique[5],  sans aucune base épigraphique sérieuse au préalable.  

Le Docteur Campbell fut toujours prudent au sujet de son authenticité. Il avait envoyé les dessins de la pierre à différents archéologues. Pour certains   c’était un ngarua, un oreiller,  pour le Père Cools, archiviste général de la CC des SS de Picpus de Rome, elle était très intéressante et belle. Mais aucun critère sérieux n’avait permis de l’authentifier comme ancienne.

L’analyse en épigraphie qui va suivre,  permettra aux archéologues qui se sont familiarisés avec les signes, la linguistique et le rongorongo, de conclure au sujet de son authenticité. Et comme avait suggéré Alan Davis-Drake, sur le fait qu’il était utile de l’étudier sérieusement afin de clore le débat, je me suis penchée sur ces objets de mars 2006 à juin 2007.

Et puis… nous l’avons vu précédemment, Thomas Barthel avait tracé la route : un brillant héritage laissé aux Rapanui et aux chercheurs ! Son catalogue revu par  la commission rongorongo du CEIPP  fait gagner un temps considérable. Son catalogue des signes,  comportait ses limites : il convenait de reconsidérer les signes d’une même famille, même s’ils se ressemblent énormément et de tenter une nouvelle codification. Ce que réalisa le CEIPP.

 

Doc. 3 Parution lors des actes du  Congrès d’archéologie de la Serena, 1982.

Remarques sur ces images

campbell_epigr3.jpg

 

C’est le Dr Campbell qui  avait fait  le relevé des signes.

 

 

Malheureusement, comme le démontre la publication, ils furent observés et publiés dans un sens qui ne permit pas de voir de quoi il en retournait (en épigraphie rongorongo).

 

En 1982, pour les intervenants de la conférence il s’agissait de boustrophédon imparfait…

 

Mais aucune étude sérieuse n’avait été entreprise au préalable.

 

 

 

 

Voici les signes dans le bon sens, afin de bien les observer en épigraphie :

 

campbell_epigr2.jpg

 

Doc. 4  Pierre Campbell Verso A

 

 

 

→ Sens de gravure

 

La1 →

→La2

→La3

 

Mais auparavant rappelons  deux  détails de la pierre  REED :

 

 

Un premier élément d’étude sera le signe 008a campbell_epigr4.jpgdéformé,  que nous retrouverons sur une autre pierre, celle  du Dr Campbell, doc. 4 ci-dessus.

 

 

campbell_epigr30.jpgREED

 

Observons également :

←ce dernier signe formé de deux éléments collés,   erreur  provenant de la documentation source  Schulze-Mazier, campbell_epigr12.jpgrépercutée sur les  pierres Reed et  Campbell doc. 4

Et puis des signes anormalement ronds, créés ou déformés en recopiant…

 

campbell_epigr31.gif

 

Doc.5  Voici le signe 008a  http://www.rongorongo.org/signs/0jpg/008.jpg  reproduit fig. 21

document source édité par Schulze-Mazier.

 

 

 

 

 

campbell_epigr6.jpg

Doc 6  Voici  la figure     campbell_epigr5.jpg  061y-027-739b reproduit  fig.21  Schulze-Mazier.

 

(NB. Les traits ou notes à la main sont le résultat de mes recherches) 

 

 

 

En effet sur les pierres REED et CAMPBELL il existe des signes assez identiques se rapprochant de      campbell_epigr4.jpg 008a   campbell_epigr30.jpgici pierre Reed  campbell_epigr7.jpg    ici pierre Campbell, campbell_epigr8.jpg,  campbell_epigr9.jpg

…. un tracé inédit, une sorte de signature.

 

… Ainsi qu’un  signe nouveau : une création entre 061y +  campbell_epigr10.jpg  027 + 739bcampbell_epigr11.jpg. Cela donne  un signe nouveau 061y-027-739b  campbell_epigr5.jpg Recopié sur les deux pierres à partir d’une création visible sur le document source  Schulze-Mazier.   

Ici sur la pierre Reed  campbell_epigr13.jpg campbell_epigr14.jpg    Ici sur la pierre Campbell. campbell_epigr15.jpgcampbell_epigr16.jpg

 

 

Observation 1  Ces signes créés du « document-source   fig. 21 de Schulze-Mazier » se retrouvent sur les PIERRES REED ET CAMPBELL et pourraient constituer la signature, le logo, le signe distinctif du groupe qui a gravé ces deux pierres ou de la personne qui leur a fourni un document relevé à la main (d’après la fig. 21).

 

BASES DE L’ÉTUDE 1, TROIS LIGNES AU RECTO, UNE SEULE FACE GRAVÉE

 

1)      Considérons que la gravure de la pierre comporte trois lignes La1, La2 et La3, et que la première commence par la ligne la plus petite (10 signes) qui inclut le signe 008a campbell_epigr4.jpg   déformé, tracé de manière identique que sur la pierre Reed.

 

2)      Que le graveur a travaillé sur les trois lignes de haut en bas, de gauche à droite, à la manière occidentale et qu’il utilise l’espace en rajoutant des signes, principalement au début ou à la fin  de l’ouvrage.

 

3)      Que le livre de Schulze-Mazier, publié en 1932, comporte des erreurs de relevés par rapport à l’ITEM A ou Tahua et que ce livre, ou un document reproduisant la fig. 21 du livre, a inspiré le graveur, véhiculant ces mêmes erreurs.

 

4)      Que deux lignes SM8 et SM7 de la fig. 21  ont inspiré le graveur, utilisant la lecture de gauche à droite de la dernière ligne du bas de la page (document ci-après).

 

5)       Qu’en terminant l’ouvrage le graveur a rajouté ses propres figures et créations tout en s’inspirant de la droite de la fig. 21  lignes SM8 et SM7.

 

6)      Que les 3 lignes ne se conforment pas à ce que nous connaissons du rongorongo classique : des lignes boustrophédon régulières.

 

7)      Que les signes de ces 3 lignes non boustrophédon s’éloignent des figures du rongorongo classique en les déformant considérablement.

 

OBSERVATION (Ecriture manuelle Lorena Bettocchi)

 

Doc. 4  Etude de la Fig. 21 de Schulze-Mazier et du tracé de la pierre Campbell (notes à la main de Lorena Bettocchi)

campbell_epigr31.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Doc. 5    Gravure de la pierre, selon Alan Davis Drake qui nous montra les lignes correctement

 

 

 

 

 

selon mon étude, sens de gravure

→→

→→

→→

campbell_epigr17.jpg

Campbell

 

La1

 

La2

 

La3

 

 

ANALYSE DE LA PRÉCÉDENTE OBSERVATION  

 

 

CAMPBELL La1 : le graveur reproduit SM8 (de la fig. 21) de Schulze-Mazier, de gauche à droite. Nous observons en La1, 3 signes créés au début + 7 signes reproduits assez maladroitement = 10 signes

 

1 seul signe sur les 10 est apparenté au rongorongo classique du Corpus Inscriptionum Paschalis Insulae: il s’agit du 008acampbell_epigr4.jpg 

 

CAMPBELL La2 : la deuxième ligne fut gravée de gauche à droite sans aucune rotation à 180° pour la lecture ou le tracé et continue la reproduction de  SM8, en La2 : une suite de 11 signes + 1 signe créé reproduit à l’envers, inséré au milieu (on ne peut appeler cela du boustrophédon) = soit 12 signes.

Nombre de signes apparentés, d’assez loin au rongorongo classique du  Corpus Inscriptionum Paschalis Insulae : 6 sur les 12, non compris le 008a repéré en La1.

 

CAMPBELL La3 : la troisième ligne, gravée de gauche à droite, continue la fig. 21 SM8 jusqu’au signe campbell_epigr10.jpg 027fx,   (sur lequel figurent 9 incisionscampbell_epigr18.jpg). Puis le graveur s’inspire de la fin de SM8 et des signes de la ligne supérieure SM7, afin de terminer La3, incluant le signe 360 bien déformé et à l’envers, campbell_epigr19.jpgmais on ne peut appeler cela du boustrophédon = soit 20 signes.

 

 

 

Sur cette lignes, aucun  signe, 0 sur 20, n’est apparenté au rongorongo classique du Corpus Inscriptionum Paschalis Insulae. 

Tous sont apparentés à Schulze-Mazier fig. 21 et bien déformés en raison de la dureté de la pierre.

 

Au total 7 signes se rapprochent du Corpus Inscriptionum Paschalis Insulae. Nous sommes loin des 30 signes annoncés par la publication de 1982.

 

 

 

BASES DE L’ETUDE 2 : Observation de l’Item A,  par rapport à Schulze-Mazier    et des pierres des collections Reed et Campbell.  Cette étude croisée permet des vérifications.

 

Méthodologie, responsabilité de Lorena Bettocchi,

Outils : catalogue des signes revu par le CEIPP,   ITEM A, relevé par Th. Barthel

Relevés de la pierre Dr CAMPBELL et de la pierre REED pages précédentes.

 

1)       Considérons que  la fig. 21 du livre de Schulze-Mazier reproduit la Tahua ITEM A avec des erreurs ;

2)       Que ces erreurs sont répercutées par le  ou les graveurs des pierres REED et  CAMPBELL

 

Doc. 6 - Barthel Tahua Item A verso,   ligne  Ab 8

Les signes de la pierre Campbell s’éloignent, plutôt que de se rapprocher de l’Item A

 

 

 

Ligne Ab8 :  Thomas Barthel l‘a considérée dans ce sens               

→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→→↓

campbell_epigr20.jpg-

                      

 

                                           ___  ___   ___                       ±    ± ±

                                                                  

                                                                   __  __ __  __  __ __  __  __

 

campbell_epigr17.jpg

 

 

 

←1) Le dernier signe à droite de Ab8  ressemble   au 4ème signe de La1 en Campbell, départ à gauche.

2) → La suite de 5 signes en Ab8 s’apparente   aux 6 [6] derniers de La1. → 3) Les 12 signes suivants en Ab8 se retrouvent en La2 avec un peu plus de similitudes, mais une création au centre.

→4)  Les  11 signes suivants en Ab8 sont organisés comme la suite  de La3, jusqu’à son milieu, mais le graveur a fortement déformé les signes.

 

29 éléments d’écriture de la pierre Campbell pourraient être pris en compte par rapport à l’Item A : 29/42 soit 69 %.

 

Mais on ne peut dire qu’ils  sont proches du rongorongo classique du Corpus Inscriptonium Paschalis Insulae, relevé par Barthel et corrigé par le C.E.I.P.P.

Doc.7  - Signes de  la fig. 21 dans Schulze-Mazier.

 

 campbell_epigr21.jpg lignes SM8 et SM7 voulant reproduire  l’Item A, et repérage des erreurs

SM8                                    →→ → → →→  err →→→→→err →→→→→→→→→→→→→err→→

 

La pierre Campbell comporte les erreurs et créations de la Fig.21 de Schulze-Mazier, tout comme la pierre Reed.  campbell_epigr22.jpg←erreurs→ campbell_epigr23.jpg et créations→campbell_epigr12.jpg.

 

ANALYSE (suite)…

 

CAMPBELL La1 :   → c’est  le début de l’ouvrage du graveur.

La  plus  petite ligne, commence à gauche par trois signes crées,   puis copie  la dernière ligne de  fig. 21 (SM8) sur  7 signes  = 10 signes au total. 

Relation avec Schulze-Mazier OUI : sur des signes de très loin apparentés au rongorongo Item A, modifiés  sur le document source de Schulze-Mazier. Relation avec la pierre Reed : OUI, on retrouve cette suite dans REED La3, la ligne médiane.

 

CAMPBELL La2 : non boustrophédon, gravée de gauche à droite.

Le graveur continue la dernière ligne de la fig. 21 (SM8), en reproduisant 11 signes + 1, au milieu qu’il crée et deux autres lignes. Le graveur devient plus adroit.

Relation avec  la pierre Reed  OUI, La 2 sur CAMPBELL et REED sont très proches et en tenant compte du signe 08a, déformé, gravé d’une façon tout à fait personnelle comme je l’ai démontré page précédente, campbell_epigr9.jpg- Relation avec Schulze-Mazier : OUI, l’inversion campbell_epigr22.jpgde l’auteur entre les signes 066  et 717 est répercutée sur la pierre Reed et sur la pierre Campbell campbell_epigr24.jpg ce qui constitue une preuve, de même qu’ avec la création decampbell_epigr5.jpg, on a collé lecampbell_epigr11.jpg739b au précédent campbell_epigr10.jpg027. Ces deux élément  n’existent pas dans l’Item A et à ce jour[7], dans toute l’iconographie du rongorongo, ils n’ont figuré que sur ces  deux  pierres formant un nouveau signe  le  061y-027-739b qui n’a rien á voir avec le catalogue des signes classiques.

 

CAMPBELL La3 : non boustrophédon, gravée de gauche à droite et fin de l’ouvrage. C’est la plus large ligne, la dernière. Relation avec Schulze-Mazier OUI : le graveur ayant terminé de copier la fig. 21 (SM8) sur 15 signes, afin de  terminer son ouvrage a créé une fin de ligne bien à lui avec un seul signe zoomorphe, gravé à l’envers = au total 20 signes.  Le graveur a recopié ce signe zoomorphe sur la ligne au-dessus(SM7), toujours fig. 21.

Relation avec la pierre Reed  OUI, cette ligne comporte l’erreur du document source de Schulze-Mazier sur campbell_epigr25.jpg038.campbell_epigr23.jpg voici l’erreur.  Et ce signe sur la pierre Campbell campbell_epigr27.jpg et sur la Reed campbell_epigr32.jpg

 

 

CONCLUSIONS © Lorena Bettocchi  DIBAM Santiago de Chile (estudio y tesis)

 

PAR RAPPORT AU LIVRE DE SCHULZE-MAZIER :

 

·         Les trois lignes de la pierre CAMPBELL  reproduisent   la fig. 21 du livre de Schulze-Mazier, une grande partie de la ligne SM8 et très peu SM7.  Je présume que la figure 21 n’a pas été utilisée directement, plutôt recopiée sur cahier ou autre support, ceci en raison de la déformation des signes. 

·         La pierre CAMPBELL comporte une écriture de gauche à droite non boustrophédon. Le sens de gravure est  “continental”. Une seule ligne de la fig. 21 de Schulze-Mazier fut relevée, lecture de gauche à droite, gravure de gauche à droite, puis des signes furent créés pour terminer l’arrondi de la dernière ligne, s’inspirant de la ligne supérieure SM7.

 

PAR RAPPORT A LA PIERRE REED

 

·         Similitudes dans les tracés, dans les recopiages des signes créés et des mêmes erreurs, des mêmes rondeurs ou déformations dans certaines figures.

·         Différence dans le sens de gravure : la pierre Reed fut gravée de bas en haut, de droite à gauche, la pierre Campbell de haut en bas, de gauche à droite. 

 

PAR RAPPORT AU CORPUS INSCRIPTIONUM PASCHALIS INSULAE ET DE L’ITEM A

 

·         La suite de la majeure partie des  signes  supporte une comparaison avec  l’Item A ou  Tahua mais n’y trouve pas sa source.  Certaines figures s’éloignent considérablement des signes classiques du Corpus Inscriptomium Paschalis Insulae. Très peu  sont reconnaissables. Ce n’est pas une suite boustrophédon.

 

AU SUJET DE SON AUTHENTICITÉ COMME OREILLER OU NGARUA

 

·         Je ne sais pas s’il s’agissait d’un ngarua avant qu’elle fut écrite, c’est-à-dire d’une pièce trouvée dans une maison ou sur un site et servant à reposer la tête d’un défunt. Ce n’est pas mon propos de tirer des conclusions à ce sujet, je laisse aux archéologues la responsabilité de clôturer le débat.

·         Par contre je suis formelle sur ce point : il ne s’agit pas du début de l’écriture rongorongo. Il s’agit d’un recopiage, doublé de créations diverses, sur un support dur comme le basalte. Un objet destiné à la vente ou au troc. S’il avait été nga-rua,  il aurait été auréolé de tapu, sacré.

 

RÉVISION DES POINTS COMMUNS ENTRE LES PIERRES REED ET CAMPBELL

 

                 En iconographie :

 

·         Utilisation du livre de Schulze-Mazier, original ou recopié manuellement, comme fonds documentaire, fig. 21 reproduisant l’ITEM A avec des déformations et des erreurs répercutées par le ou les  graveurs ;

·         La figure 21 fut retournée à l’envers.

·         Le ou les  graveurs ignorèrent la rigueur des lignes  boustrophédon.

·         Le ou les graveurs ignorèrent les proportions des signes du rongorongo ancien et classique.

·         Le ou les graveurs ignorent le CORPUS INSCRIPTONIUM PASCHALIS INSULAE.

 

                 En histoire du peuple rapanui :

 

·         Les gravures sont postérieures à 1932, date de parution de l’ouvrage ;

·         Les pierres furent offertes ou cédées à des officiers de la marine chilienne ;

 

                   En archéologie :

 

·         Utilisation de petites pierres comme nouveau support  de l’écriture ;

·         Les propriétaires exprimèrent des doutes  sur leur authenticité.

·         L’utilité d’une vraie recherche en épigraphie aurait dû être entreprise dès 1980, avant de porter des conclusions en archéologie en 1982 ou avant de conclure une vente à un musée.

·         Des bruits avaient couru sur sa disparition ce qui était faux.

 

 

Doc. 8 - Une photo extraite d’un classeur ayant appartenu au Docteur Campbell, nous renseigne sur les profondeurs irrégulières du sillon.  La pierre, comme le signale la conservatrice du Kon tiki Museum fut emportée par Arne Skjølsvold, collègue de Thor Heyerdahl  aux alentours de 1980.

 

campbell_epigr28.jpg

 

La pierre Reed comporte un sillon plus régulier

 

campbell_epigr29.jpg

 

Doc 9  Pierre Reed  ref. 1035  Courtoisie Museo Fonck  Viña del Mar

 

 

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[1] SCHULZE-MAZIER.1932. Die Osterinzel, Leipzig.  Fig.  21.

[2] Je l’ai codifiée SM8, voir Doc. 4, page 5 de ce chapitre.

[3] BETTOCCHI, Lorena, sept. 2006 RONGO METUA Les derniers Maoris rongorongo corrigent le répertoire de Monseigneur Tepano Jaussen. Tahiti Pacifique Magazine n° 185.

[4] IMBELLONI, José. 1954 Runa Edición de la Facultad de Filosofía y Letras, Instituto de Antropología de Buenos-Aires,  Volumen VI. Pp.  231-234.

[5] MELLEN BLANCO, Francisco, Manuscritos y documentos españoles de la expedición de Gonzalez de Haedo, Editions Cehopu, Madrid. Pp 201,202. Une partie de l’ouvrage de Mellen Blanco est réservée aux pierres.

[6] Après le signe 008a, le graveur a décomposé le suivant, cela est probablement dû à la difficulté de sculpter sur du basalte.